sábado, 12 de maio de 2012

A ideia da Linguagem


Un discours qui dirait le langage même et en exposerait les limites sans être un métalangage ni plonger dans l'indicible est-il possible?

Une tradition de pensée antique énonce cette possibilité comme une théorie des idées.
Contrairement à l'interprétation qui voudrait y voir le fondement indicible d'un métalangage, la théorie des idées se fonde sur une acception sans réserve de l'anonymat du langage comme de l'homonymie qui en gouverne le champ (c'est en ce sens qu'il faut comprendre l'insistance de Platon sur l'homonymie entre les idées et les choses et le refus de Socrate de toute misologie). Mais c'est justement cette finitude et cette équivocité du langage humain qui ouvrent la voie au “voyage dialectique” de la pensée. Si toute parole humaine présupposait toujours déjà une autre parole, si le pouvoir présupposant du langage ne prenait jamais fin, alors vraiment il ne saurait jamais y avoir d'expérience des limites du langage. Par ailleurs, un langage parfait, d'où toute homonymie aurait disparu et au sein duquel tous les signes seraient univoques, serait un langage absolument privé d'idées.

L'idée est entièrement comprise entre l'anonymat et l'homonymie du langage. Ni l'un est et a un nom, ni l'un n'est pas et n'a pas de nom. L'idée n'est pas un mot (un métalangage) et elle n'est pas non plus la vision d'un objet à l'extérieur du langage (un tel objet, un tel indicible n'existent pas), mais vision du langage même. Parce que le langage, qui offre à l'homme la médiation pour toute chose et toute connaissance, est lui-même immédiat. Rien d'immédiat ne peut être atteint par l'homme parlant – si ce n'est le langage lui-même, si ce n'est la médiation elle-même. Une telle médiation immédiate constitue pour l'homme la seule possibilité de rejoindre un principe libéré de tout presupposé jusqu'à sa propre présupposition; c'est à dire, la possibilité de rejoindre cette ἀρχή ἀνυπόθετος que Platon, dans la République, présente comme τέλος, comme l'achèvement et la fin de l'αὐτὸς ὁ λόγος, du langage même, et, dans le même temps, comme la “chose même” et affaire de l'homme. 
 
Aucune communauté humaine véritable ne peut surgir sur la base d'un présupposé – qu'il s'agisse de la nation, de la langue, ou même de l'a priori de la communication qu'évoque l'herméneutique. Ce qui unit les hommes entre eux n'est pas une nature ni une voix divine, ni l'emprisonnement commun dans la langage signifiant, mais la vision du langage lui-même, et par voie de conséquence, l'expérience de ses limites, de sa fin. La seule véritable communauté est une communauté non présupposé. C'est pourquoi l'exposition philosophique pure ne peut être exposition de ses idées sur le langage, ou sur le monde, mais exposition de l'idée du langage.

Giorgio Agamben, La potenza del pensiero. Saggi e conferenze, trad. francesa de Joël Gayraud e Martin Rueff, Paris, Payot & Rivages, 2006 .

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